Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Voix Lusophones
Archives
Publicité
21 avril 2008

Le Loup à Paris - Rencontre avec Antonio Lobo Antunes

DSC04750On l’attendait sans trop y croire, car, au fait de sa notoriété, on n’osait trop espérer la venue de l’illustre bicho do mato. Mais, il est venu, nous l’avons vu et il nous a vaincus. António Lobo Antunes était bel et bien parmi nous à la Sorbonne Nouvelle, salle Las Vergnas, jeudi 10 avril. Et il a offert un entretien mémorable pour le plus grand plaisir de son public réuni là, attentif et silencieux, subjugué devant son charme et sa simplicité.

Après les présentations et les remerciements de rigueur, António Lobo Antunes s’installe et commence son discours par un hommage poignant au défunt Christian Bourgois, un frère pour lui, mais surtout un éditeur « courageux », comme il aime à le préciser, car il avait l’audace de publier des livres que le public n’attendait pas et que parfois il ne voulait pas.

Puis, il en vient naturellement au thème de l’écriture, de la création, et António Lobo Antunes nous parle de ces livres qui ne sont déjà plus les siens alors qu’il a à peine commencé à les écrire. Des créations qui deviennent autant de créatures autonomes, allant jusqu’à repousser leur propre créateur. António Lobo Antunes aborde alors les changements dP1010388ans sa manière de pratiquer l’écriture. Il évoque ainsi comment il construisait un plan élaboré et détaillé au début de sa carrière, avant de comprendre que les livres avaient leur propre forme, leur propre physionomie et même leur propre caractère.

Alors, l'auteur nous fait une étrange révélation : pour écrire il cherche à atteindre un état proche de celui du rêve. Et il justifie ses dires. Il n’y a que lorsqu’il sombre dans le sommeil qu’il lui semble accéder à une sorte de vérité qui se dilue instantanément dès qu’il revient à la réalité. Antonio Lobo Antunes cherche alors à recouvrer cette lucidité, pour approcher, consciemment, les portes de la perception. Seul un état proche du sommeil le lui permet, devenant ainsi la source de sa créativité. On comprend mieux le roman Ontem não te vi em Babilónia¸ roman sans réelle trame narrative, mais régit par plusieurs voix presque désincarnées. En effet, ce texte évolue au fil des divagations de plusieurs personnages qui, durant une nuit d’insomnie, oscillent entre veille et sommeil, entre rêve et réalité. Constamment submergés par les réminiscences du passé, par des hallucinations oniriques et par la perception de la réalité extérieure, ces personnages laissent déborder leurs pensées dans un flux de conscience plutôt inconscient qui figure ainsi le propre état de création de l’auteur.

DSC04752António Lobo Antunes aborde également le problème de la traduction, comment son œuvre se prête mal à la tournure du français, alors que le portugais épouse si gracieusement les formes et les circonvolutions de son style. C’est une chose qu’il regrette sincèrement, mais il semble que cela soit lié à son amour pour le Portugal qui lui permet d’explorer toute la potentialité de sa langue. Après un discours qui aurait pu durer des heures, mais qui s’est malheureusement réduit à une seule, António Lobo Antunes a répondu aux questions de l’auditoire avec la même simplicité et l'humilité qui le caractérisaient depuis le début de la rencontre et qui ne correspondaient en rien aux ouï-dire qui l'ont précédé et qui ont contribué à façonner la légende de ce personnage. Inventions des journalistes, ragots d’universitaires agacés par sa surdité ou sa désinvolture, métamorphose à la suite à son hospitalisation… peu importe ! Le fait est qu’il était là, nu e desfigurado, pour nous offrir une magnifique séance que nous garderons tous en mémoire.

Pour revivre ou découvrir ce moment exceptionnel, nous vous invitons à vous diriger vers le site des podcasts de la Sorbonne Nouvelle qui met à votre disposition l’intégralité de cette rencontre, en audio et en vidéo.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité