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Voix Lusophones
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26 janvier 2008

Civilisation Africaine

1er  semestre de votre première année en LLCE Portugais            

          Au premier semestre de la première année, la Civilisation sera aussi, comme nous l’avons annoncé plus haut, celle de l’Afrique de langue officielle portugaise. À savoir celle de pays de l’Afrique continentale comme l’Angola, le Mozambique et la Guinée-Bissau, mais aussi celle d’une autre Afrique : celle de S. Tomé e Príncipe  plus le Cap Vert, une Afrique insulaire, où une culture tout à fait singulière a été « inventée » dès le début du XVIème siècle autant par des Africains que par des Européens.

          À raison d’une heure hebdomadaire de cours en portugais vous serez amenés à découvrir les réalités culturelles, politiques, sociales et économiques qui caractérisent, traversent et déchirent ces sociétés dont la mémoire récente est encore marquée par un passé colonial lié au Portugal, treize années de guerre coloniale, et, ensuite, après la décolonisation en 1975, de longues années encore de guerre civile (pour l’Angola et le Mozambique).

            De la façon la plus objective possible, ce cours tâchera de vous offrir une vision panoramique de ces cinq pays. Une vision qui souhaite être multiple, car elle touchera des domaines aussi variés que ceux de la Géographie physique et humaine (on s’interrogera sur les différences entre Afrique de l’ouest, Afrique bantoue et Afrique insulaire), ou de l’Histoire récente, en particulier les indépendances, la décolonisation, les problèmes de la construction de l’État-nation,  les défis démocratiques, et les identités ethniques et culturelles. Une réflexion économique et politique autour des nombreux problèmes soulevés par la reconstruction, le développement social et économique et les transitions libérales en Afrique lusophone complétera ce panorama.

            Outre ces questions traitées à partir de textes critiques, d’extraits de presse  ou même de textes littéraires ainsi que de témoignages et autres supports, nos premiers cours seront entièrement consacrés à une réflexion sur l’appellation Afrique lusophone, et à la véritable place du Portugais au sein de ces cinq pays africains. Vous serez ainsi amenés à vous interroger sur une question dont la valeur et la portée ne sont pas simplement symboliques. Qui parle vraiment portugais dans les cinq pays africains de langue officielle portugaise (PALOP) ? Pourquoi parle-t-on d’Afrique Lusophone pour les désigner ?

            Pour  répondre à ces questions nous interrogerons les textes critiques ainsi que les « porteurs » africains de la langue portugaise. Voici quelques exemples de ces témoignages que nous aurons à aborder, par exemple, lors d’un premier cours :

            N° 1 : Extraits d’un Entretien avec Germano Almeida, écrivain du Cap Vert

Interviewer : Quelle est votre relation à la langue portugaise ? Existe-il au Cap Vert une tentative de déconstruction de la langue visant à recréer un langage comme c’est le cas aux Antilles avec la créolité ?

G. Almeida : Au Cap-Vert, il existe un créole issu du métissage des langues africaines avec le portugais. Le portugais, nous le considérons comme notre langue. Par exemple, chez moi, mon père a toujours parlé portugais, ma mère le créole. Aujourd’hui encore, je considère que ces deux langues sont miennes, même si je parle plus portugais que créole ; si les Portugais m’obligeaient à choisir une des deux langues, je choisirais le créole et inversement. J’écris en portugais mais j’ai la conscience que cette langue ne traduit pas la réalité cap-verdienne, aussi je « portuguise» des mots créoles.

                                                           in Africultures, mars n°26, 2000, p54

            N°2 : Le portugais langue africaine… à l’exemple du Mozambique, par Elisabeth Monteiro Rodrigues

            « Adopté comme langue officielle par les PALOP (Pays Africains de Langue Officielle Portugaise) au moment des indépendances dans un souci  d’unité nationale, le portugais est surtout une langue de promotion sociale : langue des élites urbaines et des gouvernements. Le choix du portugais ne reflète aucunement une diffusion au sein des populations. Ainsi au Mozambique, à peine 30% de la population parle portugais et seulement 5% la possède comme langue maternelle. On trouve sans doute des proportions semblables dans d’autres pays. Bien que la norme linguistique adoptée ait été celle du portugais d’Europe, celui-ci est évidemment entré en contact avec les langues des différents groupes ethno-linguistiques, groupe des langues bantoues pour le Mozambique. Après l’indépendance, le Mozambique a lancé une politique d’alphabétisation et de diffusion de la langue portugaise dans tout le pays. Selon l’écrivain Luis Honwana, cela correspond à une crainte de revendications particularistes et c’est pour cette raison que l’on a empêché la promotion des langues mozambicaines. (…) »

                                                           in Africultures, idem, p.10

          Comment peut-on réagir à la lecture de ces deux extraits ? L’écrivain et le spécialiste ne tiennent pas le même discours, évidemment. Mais au-delà des différences, quel est le réel problème soulevé par ces deux témoignages ? Outre le fait que le portugais n’est pas réellement parlé par les populations et que seules les élites intellectuelles et celles liées au pouvoir semblent le parler, que doit-on déduire ? Qui sont les élites au pouvoir en Afrique ? N’y a t-il pas contradiction à vouloir maintenir la désignation Afrique Lusophone, fondée sur l’idée de la langue portugaise unissant ces pays, alors que la réalité est bien différente ? Et finalement : comment et pourquoi a-t-on fabriqué cette « étiquette » ?

          Une fois formulés ces quelques questionnements et d’autres encore, nous tâcherons d’y répondre en interrogeant plusieurs domaines de l’Histoire récente et coloniale des cinq pays. Vous serez encouragés une fois de plus à dépasser les premières impressions de lecture, parfois trop vagues ou peu fondées, le but étant de construire un raisonnement illustré avec des arguments qui les éclaire, les nuance ou les approfondit.

          Comme pour la matière de Civilisation Portugal, vous aurez à lire et à consulter un certain nombre d’ouvrages généraux dont la liste vous sera indiquée par votre professeur en début de semestre. Et là encore il ne faut pas oublier que cette liste ne sera aucunement limitative. Les lectures personnelles sont, ici comme ailleurs, vivement recommandées.

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